Il Portale storico della Presidenza della Repubblica

Pubblicato il 2 giugno 2018, il Portale storico della Presidenza della Repubblica rende progressivamente disponibile il patrimonio conservato dall'Archivio storico.
Archivi, documenti, fotografie, dati, percorsi tematici e risorse digitali trasmettono la memoria dei Capi dello Stato dell'Italia repubblicana; testimoniano in modo straordinariamente capillare le attività, gli interventi e i discorsi dei Presidenti della Repubblica nello svolgimento delle funzioni che la Costituzione assegna loro; testimoniano le attività dell'Amministrazione e dei suoi protagonisti, che operano a supporto della figura presidenziale; rappresentano il Paese che ne costituisce lo sfondo; raccontano le vicende del Palazzo del Quirinale, ieri palazzo dei papi e dei re, oggi sede della massima carica dello Stato repubblicano.

I numeri del Portale: 70.780 eventi, tra udienze, impegni pubblici e privati dei Presidenti; 1.729 visite in Italia e 570 viaggi all'estero; 16.269 pagine di diario digitalizzate; 440.016 immagini; 25.111 immagini che documentano la storia d'Italia dalla Monarchia alla Repubblica; 10.445 audiovisivi; 16.918 complessi archivistici; 6.865 discorsi e interventi; 5.325 atti firmati; 55.759 Provvedimenti di grazia; 542 comunicati della Presidenza del Consiglio dei Ministri dal 1945 al 1950;11.835 comunicati delle presidenze Ciampi e Napolitano; 168.952 comunicati di cui 28.360 indicizzati dalle presidenze Gronchi a Scalfaro; oltre 500 volumi in Materiali e pubblicazioni per un totale di 50.000 pagine in formato digitale; 75 soggetti produttori e 516 strutture organizzative; 131 biografie di consiglieri e consulenti; 1.665.718 triple caricate sull'Endpoint (aggiornamento del 10 maggio 2024)

 

giovedì
17 marzo 2011

Discours du Président Giorgio Napolitano devant le Parlement à l'ouverture des célébrations du 150ème anniversaire de l'Unité d'Italie

Messieurs les Anciens Présidents de la République,
Monsieur le Président du Sénat,
Monsieur le Président de la Chambre,
Monsieur le Président du Conseil,
Monsieur le Président de la Cour Constitutionnelle,
Mesdames et Messieurs les parlementaires,
Mesdames et Messieurs les Représentants des Régions, des Provinces et des Communes d'Italie,
Autorités, Mesdames et Messieurs,


Je sens que je dois adresser mes salutations reconnaissantes à tous ceux qui ont répondu à l'appel pour fêter et célébrer les 150 ans de l'Italie unie: aux nombreux citoyens que j'ai rencontrés ou qui m'ont adressé des messages exprimant des sentiments et des pensées sincères et à tous les sujets publics et privés qui ont promu des initiatives de plus en plus nombreuses dans tout le pays, les institutions représentatives et administrations publiques, les Régions et les Provinces, et surtout les Municipalités et leurs Maires, notamment ceux de petites Communes, en confirmant ainsi que celle-ci est notre institution la plus ancienne et de tradition historique enracinée, la clef de voûte de l'autonomie démocratique et de tout ordre autonomiste.

Les écoles, dont les enseignants et les dirigeants ont exprimé leur sensibilité aux valeurs de l'unité nationale, en stimulant et en recueillant une attention et une disponibilité diffuse parmi les étudiants. Les institutions culturelles de grand prestige national, les universités, les associations locales liées à la mémoire de notre histoire dans les mille lieux où elle s'est déroulée. Et encore: les maisons d'édition, les journaux, les radiotélévisions, avant tout celle publique. Merci à tous. Merci à ceux qui ont donné leur apport dans le Comité interministériel et le Comité des Garants, à partir de son Président. Commune peut être la satisfaction pour ce déploiement d'initiatives et de contributions qui continuera bien au-delà de la date d'aujourd'hui. Et aussi, ajouterai-je, pour une relance, jamais aussi large et diffuse, de nos symboles, du drapeau tricolore, de l'Hymne de Mameli et des mélodies du Risorgimento.

On a donc largement compris et partagé la conviction qui nous animait et que je formulerai ainsi: la mémoire des événements qui portèrent à la naissance de L'État national unitaire et la réflexion sur le long parcours successivement accompli peuvent s'avérer précieuses dans la phase difficile que traverse l'Italie, à une époque de changement profond et incessant de la réalité mondiale. Elles peuvent s'avérer précieuses pour susciter les réponses collectives dont il y a le plus besoin: orgueil et confiance, conscience critique des problèmes encore irrésolus et des nouveaux défis à affronter, sens de la mission et de l'unité nationale. C'est dans cet esprit que nous avons conçu les célébrations de ce Cent cinquantième anniversaire.


Orgueil et confiance, avant tout. Ne craignons pas de tirer cette leçon des événements du Risorgimento! Ne nous laissons pas paralyser par l'horreur de la rhétorique: pour l'éviter il suffit de s'en remettre à l'évidence lumineuse des faits. L'unification de l'Italie a représenté une entreprise historique extraordinaire en raison des conditions où elle se déroula, des caractères et de la portée qu'elle assuma et du succès qui la couronna en dépassant les prévisions de beaucoup et en récompensant les espoirs les plus audacieux. Comment ce résultat se présenta-t-il aux yeux du monde? Relisons la lettre que ce même jour, le 17 mars 1861, le Président du Conseil adressa à Emanuele Tapparelli D'Azeglio, qui dirigeait la Légation italienne à Londres: «Le Parlement National vient de voter et le Roi a sanctionné la loi en vertu de laquelle Sa Majesté Victor Emmanuel II prend, pour ses successeurs et pour lui-même, le titre de Roi d'Italie. La légalité constitutionnelle a ainsi consacré l'?uvre de justice et de réparation qui a restitué l'Italie à elle-même. À partir de ce jour-là, l'Italie affirme à haute voix son existence au monde. Le droit qui lui appartenait d'être indépendante et libre, et qu'elle a soutenu sur les champs de bataille et dans les Conseils, l'Italie le proclame solennellement aujourd'hui». Ainsi Cavour, avec des mots qui reflétaient l'émotion et la fierté du but atteint: des sentiments, avec lesquels on peut encore aujourd'hui s'identifier. Le chemin pluriséculaire de l'idée d'Italie s'était conclu. L'idée directrice, qui s'était pendant longtemps diffusée, s'était frayée de plus en plus largement un chemin sous l'impulsion des très forts messages de littérature, de culture et de langue - à l'époque de la révolution française et napoléonienne et dans les décennies successives - en recueillant adhésions et forces combattantes, en inspirant des revendications de liberté et des mouvements révolutionnaires et, enfin, en s'imposant dans les années décisives pour le développement du mouvement unitaire jusqu'à son accomplissement en 1861. Aucune discussion, pourtant licite et féconde, sur les ombres, les contradictions et les tensions de ce mouvement ne saurait obscurcir la donnée fondamentale du bond en avant historique que la naissance de notre État national représenta pour l'ensemble des Italiens, pour la population de toutes parts, Nord et Sud, qui s'y unirent. Nous sommes entrés ainsi, ensemble, dans la modernité, en éliminant les barrières qui nous empêchaient d'y entrer. Faut-il rappeler quelle était la condition des Italiens avant l'unification? Faisons-le avec les mots de Giuseppe Mazzini - 1845: «Nous n'avons pas de drapeau national, pas de nom politique, pas de voix parmi les nations de l'Europe. Nous n'avons pas de centre commun, de pacte commun ni de marché commun. Nous sommes démembrés en huit États, indépendants les uns des autres ... Huit lignes douanières ... divisent nos intérêts matériels, entravent notre progrès ... Huit différents systèmes de monétisation, de poids et de mesures, de législation civile, commerciale et pénale, d'organisation administrative, nous rendent comme étrangers les uns des autres». Et encore, poursuivait Mazzini, des États gouvernés despotiquement, «dont un - contenant presque le quart de la population italienne - appartient à l'étranger, à l'Autriche». Pourtant, pour Mazzini, il était indubitable qu'il existait une nation italienne et qu'il n'y avait pas «cinq, quatre, trois Italie» mais «une Italie».

Ce fut donc la conscience d'intérêts basilaires et de pressantes exigences communes et, en même temps, une puissante aspiration à la liberté et à l'indépendance qui portèrent à l'engagement de groupes de patriotes - aristocrates, bourgeois, ouvriers, gens du peuple, personnes cultivées et non, monarchistes et républicains - dans les batailles pour l'unification nationale. Batailles dures, sanglantes, affrontées avec un magnifique élan idéal et une héroïque prédisposition au sacrifice de jeunes et tout jeunes gens, parfois protagonistes des entreprises les plus audacieuses, même condamnées à l'échec. Il est juste aujourd'hui d'honorer de nouveau leur mémoire, en re-évoquant les épisodes et les figures de l'anniversaire de l'Expédition des Mille, comme nous l'avons fait à partir de mai dernier, jusqu'à l'hommage ce matin aux lieux et aux prodigieux héros de la glorieuse République Romaine de 1849.

Les épisodes du Risorgimento sont, sous multiples points de vue, une source de vif orgueil, actuel pour l'Italie et les Italiens, et il suffit d'en souligner certains. En premier lieu, la suprême sagesse de la conduite politique de Cavour qui réussit à réaliser la convergence de différents éléments subjectifs et objectifs, difficiles à concilier et même ouvertement conflictuels, vers un seul but concret et décisif. En second lieu, l'émergence au sein de la société, et nettement dans les classes urbaines et les villes italiennes, de riches réserves peut-être imprévisibles - sensibilités idéales et politiques et ressources humaines - qui s'exprimèrent dans l'élan des volontaires comme l'élément actif essentiel au succès du mouvement unitaire et dans une adhésion croissante de la part, non seulement d'élites intellectuelles restreintes, mais aussi de couches sociales non marginales, grâce également à la diffusion de nouveaux moyens de communications et de narration.

Et troisièmement je voudrais souligner l'exceptionnelle envergure des protagonistes du Risorgimento, ces inspirateurs et acteurs du mouvement unitaire. Une formidable galerie d'intelligences et de personnalités - les féminines jusqu'à hier insuffisamment étudiées et rappelées - d'hommes de pensée et d'action. En commençant, bien entendu, par les plus grands. Songeons non seulement à cette empreinte gravée dans l'histoire, mais aussi à ce legs auquel on peut encore puiser avec une ferveur d'études renouvelée et un intérêt général, que représentent le mythe mondial, sans pareil, de Giuseppe Garibaldi - qui n'était pas une légende artificieuse - et les différents héritages, de pareille grandeur, de Cavour, de Mazzini et de Cattaneo. Ces plus grands furent, on le sait, en désaccord les uns avec les autres et se combattirent. Mais chacun d'eux savait combien l'apport des autres concourrait à atteindre l'objectif considéré commun, même si cela ne servit pas à annuler leurs divergences fondamentales et ensuite leurs tenaces ressentiments. J'ai parlé des principaux protagonistes, mais l'on pourrait rappeler bien d'autres noms- du camp modéré, du monde catholique libéral et du camp démocratique - témoignant d'une extraordinaire floraison de personnalités d'exception dans l'action politique, la société civile et l'administration publique.


Ces motifs d'orgueil italien vivifiants trouvent d'ailleurs confirmation dans les reconnaissances qui, en cette même période et par la suite, arrivèrent de l'étranger de la part des représentants de la politique et de la culture historique d'autres nations, reconnaissances de la portée européenne de la naissance de l'Italie unie et l'impact qu'elle eut sur d'autres histoires de nationalités en mouvement dans l'Europe des dernières décennies du XIX siècle et après. On ne saurait non plus oublier l'horizon européen de la vision et de l'action politique de Cavour et la présence significative dans le bagage idéal du Risorgimento, de la généreuse utopie des États Unis d'Europe.

A l'approche de ce Cent cinquantième anniversaire, le débat en Italie s'est ranimé autour des limites et des conditionnements qui pesèrent sur son processus unitaire ainsi que sur les choix les plus controversés qui ont suivi l'obtention de son Unité. Survoler sur ces questions, rejeter les points critiques et négatifs du parcours suivi avant et après 1860-'61, serait vraiment céder à la tentation de récits historiques édulcorés et aux pièges de la rhétorique.
Certains simplismes sont cependant trompeurs: comme celui d'imaginer un arrêt possible du mouvement pour l'Unité légèrement au-delà de la limite d'un Royaume de Haute Italie en opposition à cette vision plus largement inclusive de l'Italie unie qui répondait à l'idéal du mouvement national (comme Cavour l'avait bien compris et comme nous l'a enseigné Rosario Romeo) - une vision et un choix que l'Expédition des Mille, l'entreprise de Garibaldi, rendit irrésistible. L'Unité ne put s'accomplir qu'en escomptant des limites fondamentales comme l'absence des masses paysannes, autrement dit, de la grande majorité de la population de l'époque, de la vie publique et donc en escomptant le poids d'une question sociale potentiellement explosive. L'Unité ne put s'accomplir que sous l'égide de l'État le plus avancé, déjà caractérisé dans le sens libéral, le plus ouvert et accueillant envers la cause italienne et ses combattants de la péninsule, autrement dit sous l'égide de la dynastie des Savoie et de la classe politique modérée du Piémont, personnifiée par Cavour. Ce fut là la condition objective que Garibaldi, quoique démocrate et Républicain, reconnût avec généreux réalisme avec son «Italie et Victor Emmanuel». Et si l'affrontement sur l'Aspromonte entre les partisans de Garibaldi et l'Armée royale reste une trace douloureuse de l'âpre dialectique de positions qui s'entrecroisa avec le parcours unitaire, toute tendance à "découvrir" aujourd'hui avec scandale que les batailles pour l'Unité sur le terrain furent évidemment aussi des batailles entre Italiens - comme cela se passe partout où il y eut des mouvement nationaux pour la liberté et l'indépendance - apparaît singulière.

Mais, au-delà des simplismes et des polémiques alléguées comme prétexte, il vaut plutôt la peine de considérer les termes de la réflexion et du débat plus récent sur les choix qui furent adoptés aussitôt après l'unification par les forces dirigeantes du nouvel État. Et à ce propos, de sérieux approfondissements critiques ont été enregistrés: ils ne peuvent toutefois ne pas s'inscrire dans le cadre d'une évaluation historique objective du contexte de l'Italie précédant l'Unité telle que l'avaient héritée le nouveau gouvernement et le Parlement national. Ceux-ci se trouvèrent devant d'inflexibles nécessités de survie et de développement de l'État nouveau-né qui ne pouvaient ne pas prévaloir sur un examen posé et clairvoyant des options en jeu, surtout celle entre centralisation, sous le signe de la continuité et de l'uniformité par rapport à l'État piémontais d'une part et, de l'autre décentralisation - sinon fédéralisme - moyennant des formes d'autonomie et d'auto gouvernement, même au niveau régional. Et à ce propos, la vigoureuse synthèse tracée par un grand historien, Gaetano Salvemini, qui fut aussi un éminent esprit critique, est encore valable aujourd'hui. «Entre 1860 et 1870 - écrivit-il - «les gouvernants italiens se trouvèrent aux prises avec de formidables difficultés». Il s'imposa alors - de l'avis de Salvemini - «le seul système politique et administratif par lequel le besoin d'indépendance et de cohésion nationale pouvait être satisfait en Italie». Et c'est ainsi, au milieu d'erreurs non moins graves que les difficultés à surmonter, que - ce sont encore les paroles de l'historien - «fut accompli un travail cyclopéen. De sept armées, il en fut fait une seule ... Les premières lignes du réseau ferroviaire national furent tracées. Un impitoyable système d'impôts fut créé pour soutenir les dépenses publiques croissantes et payer les intérêts des dettes ... Les rapports entre l'État et l'Église furent rénovés de fond en comble».

Et le brigandage dans l'Italie méridionale fut écrasé, bien qu'en payant la nécessité vitale de vaincre le péril de réactions légitimistes et de désagrégation sociale, au prix d'une répression parfois féroce en réponse à la férocité du brigandage et au prix, à long terme, d'une tendance à l'extranéité et à l'hostilité vis-à-vis de L'État qui se serait encore plus enracinée dans le Sud.

De ce contexte historique si dramatiquement conditionné et de ce «travail cyclopéen» d'unification qui jeta les bases d'un marché national et d'un développement économique et civil moderne, nous pouvons aujourd'hui tirer les éléments pour comprendre notre manière de nous constituer comme État, des motifs d'orgueil pour ce qui naquit et commença à se construire il y a 150 ans, des raisons de confiance dans la tradition dont nous sommes porteurs en tant qu'Italiens. Et nous pouvons en même temps tirer pleine conscience critique des problèmes auxquels l'Italie doit se mesurer et continuer à se mesurer. Problèmes et faiblesses d'ordre institutionnel et politique qui ont eu - dans les décennies suivant l'Unité - une influence déterminante sur les événements tourmentés de l'État et de la société nationale qui débouchèrent après la Première guerre mondiale sur une crise radicale que le fascisme résolut avec une violence d'empreinte autoritaire. Et également des problèmes et faiblesses d'ordre structurel, social et civil.

Aujourd'hui, ce sont les premiers problèmes qui nous semblent avoir - au siècle dernier - trouvé les réponses les plus valables. J'entends par là le grand fait du renouvellement de l'État au sens démocratique qui a couronné le rachat de l'Italie de la dictature totalitaire et du nouveau servage où la nation fut réduite par la guerre fasciste et la défaite qui la conclut. Un rachat rendu possible par l'émergence des forces forgées dans l'anti-fascisme et par la mobilisation des partisans auxquels, dans la Résistance, se joignirent les rangs des militaires restés fidèles à leur serment. Un rachat qui culmina dans l'exceptionnelle atmosphère idéale et culturelle et le fort climat unitaire de l'Assemblée constituante - plus fort que les diversités historiques et les fractures idéologiques.


Avec la Constitution approuvée en décembre 1947 prit finalement corps un nouveau dessein d'État, fondé sur un système de principes et de garanties dont l'organisation de la République ne pouvait, malgré son évolution prévisible et praticable, faire abstraction. Comme il est explicitement indiqué dans le rapport Ruini sur le projet de Constitution, «l'innovation la plus profonde» consistait à faire reposer l'organisation de l'État sur des bases d'autonomie, selon le principe fondamental de l'Article 5 qui lia l'unité et l'indivisibilité de la République à la reconnaissance et la promotion des autonomies locales qui se réfèrent, dans la deuxième partie de la Charte, aux Régions, Provinces et Communes. Et tout aussi explicitement se présenta, dans le rapport Ruini, cette innovation qui corrigea la centralisation qui avait prévalu au moment de l'unification nationale.

L'expérience pluridécennale successive des lenteurs, des insuffisances et des distorsions enregistrées dans la mise en ?uvre de ce principe et de ces normes constitutionnelles a porté il y a dix ans à la révision du Chapitre V de la Charte. Et ce n'est pas un hasard qu'elle soit la seule importante réforme de la Constitution que le Parlement ait jusqu'à présent approuvée, que le corps électoral ait confirmée et que les gouvernements de diverses orientations politiques se soient engagés à appliquer concrètement. L'inspiration fédéraliste qui s'était présentée sous diverses formes, mais n'eut jamais de chance ni dans le développement ni au terme du mouvement unitaire, a en définitive été récupérée. Au lendemain de l'unification, les projets modérément autonomistes qui avaient été préparés au sein de gouvernement cédèrent eux aussi le pas aux craintes et aux impératifs dominants, même durant la brève période de temps qui fut donnée à Cavour de vivre et malgré la réitération de sa position de principe, hostile à la centralisation, bien que non favorable au fédéralisme. Et nous célébrons aujourd'hui l'anniversaire de l'unification en voyant l'attention publique engagée à vérifier les conditions auxquelles une évolution dans un sens fédéraliste - et non seulement dans le domaine financier - pourra garantir une plus grande autonomie et responsabilité aux institutions régionales et locales, en rénovant et en renforçant les bases de l'unité nationale. Ce renforcement - et non son contraire - est le but authentique à poursuivre. D'ailleurs, dans notre histoire et notre vision, le mot unité se marie avec d'autres: pluralité, diversité, solidarité, subsidiarité.

Quant aux problèmes et faiblesses d'ordre structurel, social et civil que j'ai évoqués tout à l'heure et que nous avons hérités parmi les inachévements de l'unification et qui se sont perpétués jusqu'à nos jours, c'est l'écart entre le Nord et le Sud, c'est la condition du Sud, du Mezzogiorno qui se place au centre de nos préoccupations et responsabilités nationales. Et c'est par rapport à cette question que les réponses adéquates tardent le plus à venir. L'expérience des tentatives et des efforts portés en avant à plusieurs reprises durant les décennies de l'Italie républicaine et restés non exempts de fruits mais sans résultats définitifs pèsent certainement; et pèse tout autant l'obscurcissement de la conscience des potentialités qu'offre le Mezzogiorno pour un nouveau développement global de notre pays qu'il serait fatal pour tous de ne pas savoir valoriser.

C'est justement en examinant cette question cruciale que vaut l'appel à faire du Cent cinquantième anniversaire de l'Unité d'Italie l'occasion d'une profonde réflexion critique, de ce que j'ai appelé «un examen de conscience collectif». Un examen auquel ne peut se soustraire aucune partie de notre pays et auquel est essentielle la contribution d'une sévère réflexion des classes dirigeantes et des citoyens du Mezzogiorno lui-même sur leurs propres comportements.

La question sociale, des inégalités, des injustices - des lourdes pénalisations d'une partie de la société - telle qu'elle se présente aujourd'hui en Italie, est sous de nombreux aspects et en mesure non indifférente à référer au Mezzogiorno, mais elle doit être vue dans sa caractérisation et valeur nationale globale. Ici aussi il y a des héritages historiques, d'anciennes faiblesses dont il faut tenir compte, en commençant par l'insuffisance chronique de possibilités d'emploi qui, par le passé et encore après l'avènement de la République, fit de l'Italie un pays d'émigration massive et vit aujourd'hui avec le phénomène complexe du flux migratoire, du travail des immigrés et de leur nécessaire intégration. Sans craindre d'excéder dans la brièveté de ma référence à la question sociale, je dis qu'il faut avant tout la voir comme la dramatique carence de perspectives d'emplois et de valorisation des propres potentialités d'une importante partie des jeunes générations.

Et il n'y a pas de doute qu'il faille en général trouver la réponse dans une nouvelle qualité et un dynamisme accru de notre développement économique, en faisant levier sur le rôle de protagonistes que le monde des entreprises et le monde du travail ont assumé dans toutes les phases de construction, reconstruction et croissance de l'économie nationale et qui, pendant plus d'un siècle, sont passés tous deux à travers de profondes et décisives transformations.

Mais je n'ai certes pas l'intention de passer ici en revue l'ensemble des épreuves qui nous attendent. Je voudrais seulement que nous partagions la conviction qu'elles constituent des défis authentiques, plus que jamais laborieux et très durs sous de nombreux aspects, tant et si bien qu'ils demandent grand esprit de sacrifice et élan innovateur dans une vision réaliste et rénovée de l'intérêt général. Le plein de confiance qui nous est indispensable, nous devons le tirer de l'expérience faite pour surmonter les nombreuses épreuves ardues au cours de notre histoire nationale et de la consolidation de points de repère fondamentaux pour notre avenir.

L'Italie unie a surmonté une épreuve d'une extraordinaire difficulté et importance en affrontant et résolvant pas à pas son conflit avec L'Église catholique. Après 1861, l'objectif de la pleine unification nationale fut également poursuivi et atteint avec la Troisième guerre d'indépendance en 1866 et au terme de la guerre 1915-'18. Mais l'objectif incontournable était de donner rapidement à l'État italien Rome comme capitale, dont la conquête par les armes - une fois échouée toute tentative de négociation - fit inévitablement précipiter le conflit avec la Papauté et l'Église. Mais celui-ci fut mené à une solution avec l'intelligence, la modération et la capacité de médiation dont l'État libéral donna déjà signe en 1871 avec la Loi des Garanties et qui - une fois les Pactes de Latran signés en 1929 et enfin transposés dans la Constitution - a récemment abouti à la révision du Concordat. Du côté italien, le but visé était la laïcité de l'État et la liberté religieuse et, en même temps, la résolution graduelle de toute séparation et opposition entre laïcs et catholiques dans la vie sociale et la vie publique.

Un but, et un objectif, poursuivis et pleinement garantis par la Constitution républicaine et projetés de plus en plus dans le sens d'un rapport hautement constructif et d'une «collaboration pour la promotion de l'homme et le bien du pays» - à travers également la reconnaissance du rôle social et public de l'Église catholique et en garantissant, de même, le pluralisme religieux. Ce rapport se manifeste aujourd'hui comme un des points forts sur lequel nous pouvons compter pour consolider la cohésion et l'unité nationale. Le plus haut témoignage nous en a été donné par le message de v?ux qui m'a été aujourd'hui adressé par le pape Benoît XVI - et je l'en remercie. Un message qui rappelle doctement la contribution fondamentale du Christianisme à la formation de l'identité italienne au cours des siècles, de même que la participation de représentants du monde catholique dans la construction de l'État unitaire jusqu'à l'indélébile apport des catholiques et de leur école de pensée à l'élaboration de la Constitution républicaine et leur affirmation successive dans la vie politique, sociale et civile nationale.

Mais que d'épreuves surmontées et que de grands moments vécus au cours de notre histoire pourrions-nous rappeler pour soutenir la confiance qui doit nous guider face aux défis d'aujourd'hui et de l'avenir! Même en ne considérant que la période suivie à la défaite et à l'effondrement de 1943, puis la Résistance et la naissance de la République, indélébile dans l'esprit de tous ceux qui, comme moi, traversèrent tout jeunes ce passage crucial, est encore la mémoire d'un abîme de destruction et de retour en arrière général dont nous pouvions craindre de ne jamais réussir à nous relever.

Pourtant, après avoir conjuré les risques de séparatisme et d'amputation du territoire national avec une grande sagesse politique, l'Italie unie réussit à se remettre sur pieds. Le premier et peut-être plus authentique "miracle" fut la reconstruction, et ensuite - malgré d'âpres conflits idéologiques, politiques et sociaux - le bond en avant, au-delà de toute prévision, de l'économie italienne dont les bases avaient été jetées dans les cinquante premières années de vie de l'État national. L'Italie entra alors à part entière dans le groupe des pays les plus industrialisés et avancés où elle put faire son entrée et où elle est toujours présente aujourd'hui grâce à la plus grande invention historique dont elle sut, dès les années 50 du siècle dernier, se faire protagoniste: l'intégration européenne. Celle-ci devint et est encore la charnière essentielle d'une projection de plus en plus active de l'Italie dans la plus large communauté transatlantique et internationale. Notre place convaincue, sans réserves, affirmative et propulsive dans l'Europe unie, reste la plus grande chance dont nous disposons pour nous placer à la hauteur des défis, des opportunités et des problématiques de la mondialisation.

Nous avons dû surmonter des épreuves également risquées et difficiles dans l'Italie républicaine, sur le terrain de la défense et de la consolidation des institutions démocratiques. J'entends par là les embûches sournoises et pénétrantes, ainsi que les attaques violentes et diffusées - massacres et terrorisme - qui ne furent pas faciles à éventer et que l'on réussit à enrayer grâce au solide ancrage de la Constitution et à la force de multiples formes de participation sociale et politique démocratique. Toutes ressources sur lesquelles la lutte contre le phénomène encore dévastant de la criminalité organisée compte toujours.
Dans toutes ces circonstances a ?uvré et décidé en faveur du succès un ciment unitaire, impensable sans une identité nationale partagée. Les facteurs déterminants de notre identité italienne sont sa langue et sa culture, son patrimoine historique artistique ainsi que celui historique naturel. Il ne faudrait jamais l'oublier, c'est là peut-être le principal secret de l'attraction et de la sympathie que suscite l'Italie dans le monde. Et je parle d'expressions même récentes de la culture et de l'art italien: il suffit de citer la relance de notre grande et singulière tradition musicale dans les différents continents ou la contribution du meilleur cinéma italien qui, en représentant la réalité, transmet partout l'image de notre pays.

Mais la composante primaire dans l'identité nationale est le sentiment de la patrie, l'amour de la patrie qui a émergé et re-émergé chez les Italiens à travers même des événements déchirants et trompeurs. Avoir redécouvert - après le fascisme - cette valeur et s'en faire propagateurs ne saurait être confondu avec une quelconque soumission au nationalisme. Nous avons connu les dégâts et payé les coûts de la morgue nationaliste, des prétentions agressives à l'égard d'autres peuples et des dégénérations racistes. Mais nous nous en sommes libérés, de même que s'en sont libérés tous les pays et les peuples qui se sont unis dans une Europe sans frontières, dans une Europe de paix et de coopération. Aucun embarras n'est donc justifiable, aucune gêne ne peut nous retenir de manifester notre fierté, notre attachement à la patrie italienne - nous le devons aussi à ceux qui opèrent sous le drapeau tricolore et risquent leur vie dans les missions internationales - pour tout ce que notre nation a exprimé de noble et de vital au cours de sa longue histoire. Et nous pourrons d'autant mieux manifester notre fierté nationale si chacun de nous saura se montrer humble en accomplissant ses devoirs publics, en servant à tous les niveaux l'État et les citoyens.

Enfin, le fait de lier patriotisme et Constitution - comme je l'ai fait dans cette Enceinte à l'occasion du 60° anniversaire de la Charte de 1948 - n'a rien de réductif. Une Charte qui représente encore aujourd'hui la base valable de notre vie en commun en offrant - en même temps qu'un système qui peut être réformé grâce à des efforts partagés - un corps de principes et de valeurs où tout le monde peut se reconnaître parce qu'ils rendent l'idée de patrie tangible et féconde, en l'ouvrant à l'avenir et qu'ils tracent le grand tableau régulateur des libres batailles et des compétitions politiques, sociales et civiles.


Que les célébrations de ce Cent cinquantième anniversaire servent donc à diffuser et approfondir le sentiment de la mission et de l'unité nationale chez les Italiens: et cela apparaît d'autant plus nécessaire si l'on regarde lucidement le monde qui nous entoure, avec ses promesses d'avenir meilleur et plus juste et ses si nombreuses inconnues - y compris celles mystérieuses et terribles que nous réserve la nature. Nous saurons affronter - dans cette grande mer ouverte - les épreuves qui nous attendent, comme nous l'avons fait dans les moments cruciaux du passé parce que nous disposons aussi aujourd'hui de grandes réserves de ressources humaines et morales. Mais nous y réussirons à une condition: qu'un fort ciment national unitaire puisse à nouveau opérer, qui ne soit ni érodé ni dissout par d'aveugles partialités et par des pertes diffuses du sens des limites et de la responsabilité. Je ne sais quand et comment cela arrivera; mais j'ai confiance dans le fait que cela arrivera. Convainquons-nous tous, profondément, que c'est là désormais la condition du salut commun, du progrès commun.


Vive la République! Vive l'Italie unie!


 


 

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